Le cœur est célébré aujourd’hui 29 septembre dans le monde. Une ironie de l’histoire. En 1961, lorsque le père de la cardiologie au Sénégal, le Pr Papa Koité voulait ouvrir une unité de prise en charge de ces pathologies, il n’était pas pris au sérieux. Personne ne croyait que les maladies cardiovasculaires allaient exploser sous nos tropiques. Le temps lui a donné raison. Ces disciples, dont le Pr Abdoul Kane, continuent de vénérer le visionnaire.
La cardiologie a son histoire au Sénégal. Elle est riche. Cette histoire est racontée par le Professeur, Abdoul Kane.
“Si nous jetons un retard dans le rétroviseur, on se rend compte que cette spécialité a pris de l’épaisseur au fil des années. Juste après les indépendances, on s’occupait davantage de la santé maternelle et infantile, des infections parce que l’Afrique était considérée comme le continent des endémies infectieuses. Durant cette période, la priorité a été accordée à la santé maternelle et infantile et aux endémies infectieuses. En conséquence, les maladies cardiovasculaires étant estimées comme rares et exceptionnelles, étaient considérées comme des maladies qui ne pouvaient pas toucher les africains. En 1959-60, le Professeur Papa Koité formé en France rentre au Sénégal. Celui qui est considéré comme le père de la cardiologie au Sénégal a constaté que la courbe des maladies cardiovasculaires, l’hypertension artérielle a pris une pente ascendante. Il était un singleton dans l’aventure qu’il voulait entreprendre. A l’Hôpital Aristide Le Dantec comme à la Faculté de Médecine comme si on s’était passé le mot : la cardiologie n’était pas une priorité. Personne ne croyait à une explosion des maladies cardiovasculaires. Certains soutenaient que c’était impossible de créer une unité d’enseignement pour la cardiologie.
C’était le Directeur de l’Hôpital Aristide Le Dantec de l’époque qui était le premier directeur africain. Le poste était dirigé par des Français. Ces derniers ont pensé que ce qu’il disait était pertinent. Le Directeur quitte ainsi son propre logement de fonction en demandant au professeur Koité de démarrer là-bas son unité de cardiologie.
Et c’est pour cette raison que ce service de cardiologie qui est à Dantec est isolé des autres services puisque c’était un logement de fonction. Puis le professeur Koité a récupéré les autres maisons, il a récupéré ce qui était l’école des infirmiers pour créer ce qui est aujourd’hui le plus grand service de cardiologie du Sénégal. Un demi-siècle plus tard, le temps lui donne raison. En 1981, il crée l’une des premières écoles de cardiologie qui forme des spécialistes en Afrique. En somme, c’est l’histoire de la cardiologie qui a commencé en 1961 qui se poursuit en 1981. Résultat, la cardiologie sénégalaise est en avance sur la plupart des autres spécialités médicales au Sénégal qui ont été créées 10 à 20 ans après.
Le Sénégal est aussi en avance sur beaucoup de pays africains puisque le service ouvert en 1961 en Afrique mais aussi l’un des premiers services de cardiologie au monde. Même les pays occidentaux étaient encore sous la tutelle de grands services de médecine interne.
La chance qu’on a eu c’est d’avoir eu des visionnaires très tôt. Le professeur Koité avait développé la cardiologie comme cela se faisait en occident qui fait que et peu de gens le savent à la fin des années 70, malgré les difficultés rencontrées par le Sénégal à l’époque, la cardiologie sénégalaise disposait d’un plateau technique qu’on retrouvait à Paris ou à New York. Toutefois la crise économique est arrivée, le pays a traversé des difficultés. Et, la cardiologie a connu des contraintes en cette période de récession. Mais depuis une quinzaine d’années, les choses ont pu reprendre et d’autres visionnaires ont pris le relais ».