4 juillet 2024

Migrations: deux Tunisiens morts dont un bébé dans un naufrage

Un jeune Tunisien et un bébé ont péri et cinq autres Tunisiens sont portés disparus après un nouveau naufrage d’une embarcation transportant des candidats à l’émigration en Europe, a-t-on appris de sources officielles samedi.
Le drame « s’est produit à 2H00 (1H00 GMT) à 120 mètres de la plage », près de Gabès (sud-est), a indiqué la garde nationale dans un communiqué, précisant que 13 personnes ont été sauvées sur « les 20 occupants du bateau ».
La recherche d’éventuels survivants se poursuivaient samedi, selon la même source, dans le vaste Golfe de Gabès, caractérisé par de forts courants marins.
« Deux corps ont été repêchés, celui d’un jeune de 20 ans et l’autre d’un bébé », dont les parents ont survécu, a précisé la garde nationale, en annonçant l’ouverture d’une enquête judiciaire sur « les circonstances » du drame.
L’embarcation venait de sortir de Gabès quand les occupants ont vu un chalutier qu’ils ont pris pour un bateau de la garde nationale. Ils ont alors cherché à faire demi-tour, selon des témoignages de pêcheurs à des journalistes locaux. Ils ont fait une fausse manoeuvre et le bateau s’est retourné, le bébé restant coincé dans les filets sur le pont, selon ces témoins.
Plus de 1.800 personnes, plus du double de l’an passé, selon l’Organisation internationale des migrations (OIM), ont péri depuis janvier dans des naufrages en Méditerranée centrale (entre Afrique du nord et Italie), la route migratoire la plus meurtrière au monde.
Le dernier naufrage connu au large de la Tunisie a fait 11 morts et 44 disparus parmi des migrants originaires d’Afrique subsaharienne, qui étaient partis des environs de Sfax (centre-est), ont annoncé des sources judiciaires le 7 août.
– Epicentre des traversées –
Cette ville portuaire est cette année l’épicentre des tentatives de traversées de la Méditerranée au départ des côtes tunisiennes, distantes, à leur point le plus proche, d’environ 130 kilomètres de l’île italienne de Lampedusa.
Les départs de migrants africains ont connu une accélération après un discours en février du président tunisien Kais Saied dénonçant l’arrivée de « hordes de migrants » clandestins venus, selon lui, « changer la composition démographique » de son pays.
En juillet, beaucoup d’autres ont tenté la traversée après que des centaines d’Africains ont été chassés de Sfax, à la suite de la mort d’un Tunisien le 3 juillet dans une rixe entre migrants et habitants.
Plus de 2.000 autres Africains ont été au même moment « expulsés » par les forces de sécurité vers des zones désertiques et inhabitées aux frontières avec Libye, à l’est, et Algérie, à l’ouest, selon des sources humanitaires à l’AFP. Un total de 27 personnes sont mortes dans le désert tuniso-libyen, et 73 autres sont portées disparues, selon ces sources.
Plus de 95.000 migrants sont arrivés depuis le début de l’année en Italie, selon Rome, plus du double de la même période de 2022, en provenance de Tunisie et de Libye.
Sur les six premiers mois de l’année, la garde nationale tunisienne a intercepté plus de 34.000 migrants, essentiellement des Africains, près de quatre fois plus qu’un an plus tôt.
Depuis début août, « en seulement 10 jours », les unités basées à Sfax ont intercepté ou secouru environ « 3.000 migrants dont 90% de Subsahariens et 10% de Tunisiens », a indiqué jeudi le commandant Mouhamed Borhen Chamtouri, à une équipe de l’AFP embarquée sur une vedette de la garde nationale.
Des milliers de Tunisiens prennent la mer chaque année à la recherche d’une vie meilleure en Europe. Ils représentent depuis début 2023 la quatrième nationalité parmi les migrants débarqués en Italie, derrière les Ivoiriens, les Guinéens et les Egyptiens. Cependant, les arrivées de Tunisiens ont reculé de 25% sur un an avec 7.121 migrants depuis le début de l’année, selon le ministère de l’Intérieur italien.
La Tunisie, plongée dans une crise financière, est aussi marquée par de fortes tensions politiques depuis le coup de force par lequel le président Saied s’est emparé de tous les pouvoirs le 25 juillet 2021. Une vingtaine d’opposants ont été emprisonnés depuis février.
AFP

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