Alors que les députés sont encore convoqués, ce vendredi, tous les regards convergeront vers la tornade Mimi qui souffle fortement sur le Macky. Dotée d’une réelle aura médiatique, à défaut d’un poids électoral, l’ex Première ministre dispose d’une vraie capacité de nuisance contre le Président.
Mieux vaut l’avoir à l’intérieur qu’à l’extérieur, pourrait-on résumer. Et Macky Sall l’apprend à ses dépens, depuis maintenant plusieurs semaines. Contrairement à Sory Kaba, Moustapha Diakhaté ou Me Moussa Diop, qui en leur temps avaient défié le chef de l’État sur la question du mandat, sans réelle conséquence, la donne est tout autre avec Mimi. L’ex Première ministre, qui fut fonctionnaire des Nations-Unies, dispose, il faut dire, d’une réelle notoriété sur la scène internationale. En atteste sa tournée des plateaux internationaux : RFI, TV5, AFP, France 24, etc…Autant de médias où l’ex Présidente du Conseil Economique et Social défile pour porter le vent de l’opposition contre le Président et les velléités qu’on lui prête de briguer un nouveau mandat.
Au-delà de l’aspect médiatique, la nuisance de Mimi fait déjà effet sur le plan politique.
Elle a déjà mis à mal la majorité parlementaire ténue sur laquelle le président Macky Sall comptait jusqu’à la présidentielle de 2024. Elle entend continuer à secouer l’appareil et caresse le projet de concourir à la présidentielle, s’il le faut contre ce même Macky Sall qui entretient une totale incertitude sur ses intentions.
« Ce dont il est question ici, c’est d’une femme qui défie un grand de ce monde », dit-elle dans un entretien accordé à nos confrères de l’AFP. « Il faut que quelqu’un défie cet homme », ajoute Aminata Touré en parlant du président dont elle fut la Première ministre pendant moins d’un an entre 2013 et 2014 et qui, affirme-t-elle, l’a trahie.
Aminata Touré dit s’être montrée loyale pendant plus de dix ans, du moment où elle a quitté les Nations unies pour rejoindre l’équipe de celui qui n’était pas encore président, jusqu’à ce 12 septembre 2022 où, à la dernière minute, Macky Sall lui en a préféré un autre pour le poste de président de l’Assemblée, deuxième personnage de l’Etat.
Macky Sall lui avait promis le poste si elle acceptait de mener la campagne des élections de juillet pour la coalition présidentielle Benno Bokk Yakaar, dit-elle. Il l’a lâchée parce qu’il savait qu’elle s’opposerait à ce qu’il effectue un troisième mandat, dit-elle.
Le sujet est appelé à dominer le débat des prochains mois. Macky Sall, élu en 2012, réélu en 2019, reste flou sur ses desseins. La Constitution limite à deux le nombre de mandats. Une candidature risquerait de provoquer de vives tensions.
Attaques sur son poids politique
La guerre est à présent déclarée entre Aminata Touré et le camp présidentiel. Et les coups pleuvent des deux côtés.
Ses camarades de l’Alliance Pour la République ne cessent de minimiser son poids politique et moquent son incapacité à peser électoralement. Mimi n’a jamais remporté un mandat significatif. Elle a toujours été nommée… sans jamais n’avoir été élue. Sa défaite contre Khalifa Sall lors des locales de 2014 reste encore vivace. Les législatives avec Aminata Touré comme tête de liste ont, également, laissé la majorité présidentielle amoindrie. Ce qui lui a coûté le prestigieux perchoir ?
Aminata Touré croit qu’un homme n’aurait pas été traité comme elle. « On n’offre pas aux femmes les mêmes opportunités d’occuper les positions de pouvoir », écrivait-elle dans une tribune dans le Guardian. « Les attitudes patriarcales persistent ».
Elle a quitté avec fracas le groupe présidentiel au Parlement, faisant perdre au président la majorité absolue à une voix près. Accusant le chef de l’Etat d’avoir choisi un proche pour présider l’Assemblée, elle a présenté un texte contre le népotisme. Le groupe présidentiel menace de la faire démettre de son mandat.
Et la guerre s’annonce fratricide.